Bolivie : L'entrée

La ville frontalière La Quiaca en Argentine et son homonyme bolivien Villazón avec ses 3442 mètres au-dessus du niveau de la mer n’avaient rien à offrir, mis à part le point de départ d’un fabuleux voyage, peut-être aussi, un mal d’altitude pour les voyageurs imprudents, trop pressés de s’élever dans le coeur des majestueuses Andes.

Lorsque j’arrivai au terminus d’autobus, je demandai au chauffeur où se situaient les douanes et il me désigna vaguement, battant sa main vers le ciel, une direction à prendre. Je compris assez vite où je devais me diriger lorsque je vis s’agglomérer peu à peu autour de moi des centaines de personnes chargées comme des mules. Leur dos courbé par leur immense paquet me donnait l’impression de me retrouver dans une colonie de fourmis. Néanmoins, je m’intégrai facilement parmi ces gens avec mon sac à dos chargé à bloc. Nos pas relevaient la poussière et au travers d’elle j’entrevis la douane où une file interminable prenait place. Presque découragé d’une attente qui aurait pris des heures, on me rassura rapidement que les étrangers qui n’effectuaient pas de commerce devaient se présenter à un autre poste. À cet endroit, au contraire, je n’attendis pas. Il s’agissait donc de commerçants argentins qui traversaient la frontière pour vendre leurs produits en Bolivie à pied, pas d’autobus, pas de camions, ni de train.

Le passage à la douane se fit rapidement. On étampa mon passeport, on ne vérifia pas mon attestation de vaccination contre la fièvre jaune, qui, m’avait-on averti au Québec, était primordiale pour entrer au pays (est-on mal informé au Canada?). On ne m’a souhaité ni bienvenue, ni bon voyage. On avait mieux à faire, faut-il croire.

Je repris mon chargement sur les épaules et parti à la recherche du terminal d’autobus que je trouvai après quelques indications demandées aux passants. Je m’achetai un billet en direction de Tupiza. Je ne désirais pas rester dans cette ville siamoise qui ne prenait que son sens selon moi, comme étape de transition. Affamé, je me rappelai que mon père vantait les mérites des soupes boliviennes. Ainsi, dans un petit restaurant situé dans un demi-sous-sol, j’en savourai une pour la première fois. Je l’accompagnai de mon premier repas bolivien, qui, pour le reste de mon voyage dans ce pays, devait se résumer à du riz, des pommes de terres et un morceau de viande. Heureusement, que les soupes présentaient chacune un élément distinctif tant qu’elles variaient par leurs ingrédients, tout en restant, omit un repas peut-être (où elle prit l’apparence d’une moulée pour animaux, et qui mettait du temps à être avalé, sans doute par la peur que cette pâte visqueuse reste collée aux parois de l’oesophage), délicieuses chaque fois.

Je partis quelques heures plus tard, après avoir discuté légèrement avec une États-Unienne vivant à Córdoba, en Espagne. Elle mastiquait de la coca, car elle avait horriblement mal à la tête due à la rapidité avec laquelle elle avait fait l’ascension du monde andin. Elle m’en offrit, mais j’avais déjà expérimenté cette horreur en Argentine. Je ne désirais pas revivre cette expérience infecte, malgré que plus tard, je découvris qu’elle était tout à fait honnête, servie en thé. Je quittai donc cette ville en me disant que le meilleur restait à venir et j’avais raison.

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