Aloha

Perdue en plein océan Pacifique, archipel septentrional du triangle polynésien, Hawaii, bijou insulaire, offre un spectacle inlassable que l'on dévore des yeux.

La faune n'est pas ce qui caractérise ces îles, mis à part les coqs et les poules qui se promènent en toute liberté sur l'île de Kauai, un peu comme nos pigeons ici. Bien que je sois très familier avec cet animal, qui trouve régulièrement refuge dans mon estomac, le côtoyer quotidiennement me paraissait exotique. D'où l'intérêt de l'avoir photographié à mainte reprise. Je me limiterai dans l’exposition de celles-ci, car je suspecte que vous ne partagiez pas l'enthousiasme que je ressentais à ce moment. Excitation qui se métamorphose en irritant lorsque l'un d'entre eux, aux premières lueurs du matin, s'installa tranquillement face à la moustiquaire de la chambre pour pousser son puissant cri, me sortant immédiatement de mon sommeil. Il se tenait bêtement, tout en me fixant, comme s'il voulait s'assurer que j'avais prêté l'oreille à sa prestation. Instinct de chasseur ressurgissant, je m'expulsai du lit pour le poursuivre et lui donner la frousse pour qu'il n'ait pas l'idée de répéter la représentation. Aussi, il y eut la chasse de 45 minutes à l'araignée de canne, dont la circonférence égala celle de ma main, qui se cachait dans les coins obscurs de notre chambre pour éviter mes sandales. Mis à part également l'observation de quelques mangoustes, voilà en quoi se résume mon contact avec la faune terrestre. Nous n'avons même pas eu la chance de voir des cochons sauvages, de quoi nous mettre en appétit. Quelques geckos ont croisé nos chemins, bref, Hawaii n'est pas riche pour sa variété animale à quatre pattes.

Outre que le moineau domestique, nous n’avons pas eu la chance d’observer une grande variété d’oiseaux. Disons qu'il y a sur la planète des espèces plus exotiques... Par contre, elle étala ses beautés par sa fabuleuse flore, par sa faune marine et ses richesses géologiques. En ce sens, Hawaii semble être le jardin d'Éden. La fleur de tiaré et l'hibiscus semblent être aussi répandus que le pissenlit au printemps au Québec. Parfois, le palmier et le conifère se côtoient, métamorphosant l'idée préconçue que j'entretenais de ces îles subtropicales.

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Il est possible de voir des dizaines d'espèces de poissons différentes en apnée à moins de 10 mètres des berges. D'ailleurs, en nous promenant, nous voyions souvent des gens immobiles, la tête dans l'eau. Je me faisais la réflexion de ce qu'ils pouvaient bien faire à rester comme ça. Étaient-ce des pantins destinés à attirer les touristes dans ces eaux pour nourrir les requins? Non, il suffisait d'enfiler un masque et plonger la tête de certaines eaux pour s'offrir un spectacle merveilleux de couleurs dansantes. D'autres endroits étaient réputés pour l'observation des tortues, et j'eus l'agréable surprise de confirmer la véracité de l'information lorsque l'une de celles-ci apparut tout bonnement sous moi, effectuant sa petite promenade.

La terre offre aussi des spectacles étonnants. Sur l’île de Kauai, dont la superficie est un peu moins de trois fois celle de Montréal, se trouve la zone la plus humide de la planète, ainsi qu’une zone aride où poussent des cactus, en plus du canyon Waimea d'une grande splendeur. L’immensité de l'océan Pacifique se dévoile au loin selon l'endroit où on se situe… nettement plus impressionnant que de voir les usines de raffineries de Montréal-Est depuis le Mont‑Royal…

L’ascension du volcan Haleakalā, dominant l’île de Maui de ses 3 055 mètres, fut longue et éprouvante… pour notre voiture de location, évidemment. Au sommet, un spectacle totalement distinct de celui offert à sa base subtropicale : on pourrait s’imaginer niché sur une base lunaire. Les nuages plafonnant l’horizon, sous lequel se dissimule le soleil, nous rappellent que nous sommes sur la planète bleue. Dès que les rayons se raréfient, la température chute drastiquement, devient glaciale et hostile.

L’insularité d’Hawaii se ressent chez l’apaisante amabilité de ses habitants. Un rythme auquel nous nous sommes abandonnés en parcourant son territoire accompagné de musique traditionnelle syntonisée sur la radio. Dans un moment de rêverie, accompagné d’un rhume violent, résultat de la fâcheuse habitude de surclimatiser les commerces, provoquant un choc thermique mettant K.O. mes anticorps, je fis marche arrière pour percuter le parechoc du véhicule derrière moi. Honteux et repentant, j’échangeai avec son propriétaire sur la façon dont nous réglerions le léger dommage occasionné par ma manœuvre maladroite. Calmement, il me confirme qu’il pourra redresser la bosse, et lorsque je propose un dédommagement, il me demande simplement quelques symboliques dollars, tout en me plaignant pour mon rhume… J’imagine mal une telle chose arrivée dans ma ville natale où la recherche de la zénitude n’est bonne qu’à mettre sur une publication de média social…

Bref, pour tous ces magnifiques panoramas et la douceur de ces moments, un mot : mahalo!

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